Chronique d’une occupation

Le 16 octobre, nous étions 11 personnes à se présenter au bureau de circonscription du Premier Ministre de l’Ontario Doug Ford à Etobicoke. Depuis son arrivée au pouvoir il y a 17 mois, deux travailleurs ont perdu la vie dans la même boulangerie commerciale située à six minutes du bureau de Monsieur Ford.

Pour remplir ses besoins de main-d’œuvre, Fiera Foods emploie une majorité de travailleurs par l’entremise d’agences temporaires. L’entreprise se libàre ainsi des obligations qu’ont généralement les employeurs à l’endroit de leurs salariés. Fiera Foods a des pratiques douteuses et franchement scandaleuses: ils sont cinq employés à avoir perdu la vie dans cette usine ou une usine associée.

La question se pose: comment se fait-il que quelqu’un puisse perdre la vie, en 2019, dans une usine qui fabrique des croissants et de la pâte de biscuit?

Nous étions 11, donc, à se présenter au bureau de Monsieur le Premier Ministre, avec des fleurs et des chocolats pour les employés du bureau.

La demande était fort simple. Nous demandions à Monsieur Ford d’appliquer une loi dejà adoptée qui forcerait les compagnies à porter la responsabilité financiàre pour les accidents en milieux de travail causant des blessures (ou la mort) aux employés d’agences temporaires. Il ne s’agit que d’une signature pour mettre en œuvre cette loi qui permettrait de sauver des vies.

Nous sommes arrivés au bureau de M. Ford en lui demandant de reconnaitre l’urgence et le serieux de la situation et de faire quelque chose. Et comme nous avons temoigné de deux décès dans le même milieu de travail depuis le début du mandat du premier ministre, nous avons refusé de partir.

Il est inimaginable de se réveiller, un matin, dans un avenir rapproché, et de lire encore un autre reportage sur la mort d’un sixième travailleur dans cette usine.

Il est inacceptable que le gouvernement de Doug Ford a devant lui une solution partielle qui pourrait sauver des vies, et décide plutot l’inaction.

Il est inconcevable que des milliers de travailleurs temporaires dans le grand Toronto ne s’inquiètent non seulement de la sécurité de leur emploi, de leur capacité à joindre les deux bouts, mais, qu’il doivent aussi se demander s’ils rentreront chez eux à la fin de leur journée de travail.

Si je vous partage cette histoire, c’est parce que les références de cette semaine sont surtout en anglais. Je vous encourage à lire les reportages de Sara Mojtehedzadeh au Toronto Star sur les conditions de travail dans les agences temporaires. Lisez aussi l’histoire d’Enrico Miranda, le cinquième travailleur de Fiera Foods qui a perdu la vie au mois de septembre.

En solidarité, et bonne semaine.

Roxanne